Juste après la publication hier de l’ordonnance le nommant au poste de premier ministre, et après son premier entretien protocolaire avec le chef de l’état, Jean-Michel Sama Lukonde, devant le parterre de journalistes présents au Palais de la Nation a livré une courte adresse à chaud.
Dans un mot de 5 minutes 25 secondes il cite le chef de l’Etat à 5 reprises, prononce 3 fois le nom pays en toutes lettres, par 6 fois implique l’auditoire dans son flux par des expressions genre : comme vous le savez, comme vous pouvez l’imaginer… et par 3 fois utilise la conjonction parce que. Devoir de redevabilité, patriotisme invétéré,
épanchement de gratitude ou tout simplement posture politicienne pour besoin de la forme ? Bien malin qui saura trancher avec certitude. Néanmoins, bien qu’il aurait eu à mâcher depuis de jours certains pans de son allocution, l’exercice du compte-rendu de sa rencontre in situ avec le chef de l’Etat ne faisait certainement pas partie de la répétition ou du casting. Ce discours sera révélateur et devra vraisemblablement trancher avec tous les autres qu’il aura à prononcer durant toute sa mandature car tous ceux qui suivront seront très travaillés. Le côté redevabilité et justificatif, s’il sera amplifié et non plombé par d’obscures pesanteurs sera peut-être l’un des points forts de ce gouvernement dont on lit déjà en filigrane la configuration. Le meilleur reste à venir.
Ci-dessous, l’intégralité du mot de Sama Lukonde.
« Mesdames et messieurs de la presse bonsoir. Comme vous l’avez suivi tout à l’heure, il a plu à son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi, président de la République Démocratique du Congo, de porter son choix sur ma modeste personne, pour occuper les fonctions de premier ministre de ce grand et majestueux pays la République Démocratique du Congo. Mes premiers mots sont d’abord des mots de remerciement et de reconnaissance envers son autorité pour ce choix. Ensuite, bien sûr, nous rendons grâce à Dieu parce que c’est lui le maître des temps et des circonstances. Tout à l’heure son excellence Monsieur le président de la République a bien voulu nous accorder sa première audience, un entretien, parce que je tenais à avoir sa vision. Vision qui s’inscrit dans l’union, de la nation. Et, ses mots sont revenus sur les préoccupations. Les préoccupations qu’il a entendu du peuple congolais, à travers les consultations qui avaient été données. Ces préoccupations du peuple congolais concernaient principalement la sécurité, et comme vous le savez, ça va être un de domaines prioritaires, particulièrement à l’Est de la République Démocratique du Congo, et dans le Katanga. Ensuite, comme vous le savez, à côté des questions sécuritaires nous avons des questions sociales, des questions de développement, les questions de justice pour tous, d’accès à l’enseignement, on est revenu sur la question de gratuité comme vous pouvez bien vous l’imaginer, la question de la santé, la santé et l’accessibilité de soins pour tous, et quand vous regardez toutes ces questions, elles demandent à ce que l’Etat puisse se doter des moyens de sa politique, les moyens de sa politique passe par des recettes. Des recettes qu’il va falloir accroître, et pour cela, ça va demander que nous puissions appliquer avec le gouvernement qui va être formé, les pratiques de bonne gouvernance à outrance, de rigueur, de lutte contre les antivaleurs, contre la fraude, en générale. Nous, nous avons pris l’engagement de répondre à l’appel du chef de l’Etat dans ce secteur, et nous allons nous mettre au travail dès à présent. Ensuite, comme vous pouvez aussi vous l’imaginer, nous avons aussi parlé des réformes, parce que le pays en a besoin, dans plusieurs secteurs. Ces réformes, nous allons les mener, que ce soit, dans le secteur fiscal, que ce soit au niveau de la loi électorale, par ce qu’il faut penser aussi à cela, que ce soit au niveau de la digitalisation du pays. Tous ces grands défis et ses grandes réformes à venir, nous espérons le faire sous bien sûr le contrôle bienveillant du parlement. Le gouvernement de l’Union Sacrée pour la Nation, est un gouvernement qui se veut au service du peuple congolais, et pour cela nous allons demander à toute la nation, et à tout le peuple congolais de l’accompagner, puisque sans lui, il ne pourra pas réussir. Nous avons passé un peu plus d’une heure, si pas une heure et demie avec le chef tout à l’heure, donc je ne saurai pas résumer tout ce que nous nous sommes dit. Nous allons avoir bientôt un rendez-vous, au Parlement, et nous devrons donner le programme du gouvernement qui sera beaucoup plus complet, où nous allons à ce moment-là vraiment déployer tout ce qui sera l’action de notre gouvernement. Je tenais d’abord à faire ce résumé, succinct, en rappelant bien sûr que tout cela va se faire dans un contexte où nous vivons la pandémie du covid-19, où nous allons rappeler à tous que c’est important que nous puissions respecter les mesures barrières, que nous devons lutter contre un seul homme, contre cette pandémie. »
Freddy Kabeya