Mercredi dernier 24 mai, Peter Kazadi a affirmé lors d’une conférence de presse que les miliciens Mobondo serait présentement déjà dans la province du Kongo Central. Et cet état des faits ne cesse d’emplir la place publique des questionnements sur les motivations réelles de toutes les parties concernées de près ou de loin dans cette tourmente encore floue. Ce qui était donc considéré comme un conflit tribalo-foncier prend de plus en plus une allure des plus inquiétante.
Les faits. Août 2022. Nous sommes dans le Kwamouth, l’un de 8 territoires que compte la province de Mai Ndombe. La communauté autochtone Teke et la communauté Yaka non originaire du territoire de Kwamouth entrent dans un sanglant conflit sans précédent.
Tout part d’une surtaxation foncière
Les autochtones teke aurait inexplicablement haussé les redevances foncières à l’endroit de tous les non originaires du territoire de Kwamouth : luba, ngala, kongo, etc. C’est ainsi qu’Epuma, un chef teke aurait exigé à un propriétaire terrien yaka de payer une redevance de 150 mesurettes de maïs et de 5 sacs de cossette de manioc au lieu de la proportion usuelle de 50 mesurettes de maïs et d’un sac de cossette. Les services d’Epuma qui viennent de force réquisitionner le propriétaire terrien qui n’a pas obtempéré, seraient à la base du décès de dernier. Par vengeance teintée de soupçon tribal, quelques yaka mènent de sanglantes expéditions punitives envers les teke. C’est dans cette vague qu’après descente sur terrain que le cardinal Fridolin Ambongo avait déclaré en septembre 2022 que le conflit Teke-Yaka avait pour origine in désir excessif de l’avoir matériel et de richesses.
Du conflit Teke-Yaka à l’indexation des innommables mains noires
Mais 2023, le même cardinal Fridolin Ambongo qui avait parlé du conflit Teke-Yaka revient sur la place publique après un séjour dans la province de Kwango d’où sont originaires les yaka pour renier la thèse de conflit Teke -Yaka et de pointer plutôt un doigt à l’endroit des « mains noires » qui attisent un conflit fabriqué de toute pièce.
De juin 2022 à mars 2023 Human Right Watch dressait déjà la décompte macabre à plus de 300 morts pour ce conflit qui ne fait que s’amplifier.
Et les Mobondo dans tout ça ?
Mobondo est le nom d’un fétiche yaka qui rendrait leurs porteurs à l’épreuve de tant des armes à feu que des armes blanches. C’est ces fétiches que les anciens yaka aurait eu à utiliser avec succès contre les colons belges. Alors, pour faire face aux teke, la communauté yaka aurait donc recouru au Mobondo. D’où les brigades ou milices Mobondo qui défraient actuellement la chronique.
Kwamouth, Kinshasa, Kwango et Kongo Centra : quel est le vrai agenda des Mobondo ?
Hier lundi 29 mai, la Radio Okapi citant le député national Jean-Pierre Pasi Za Pamba.faisait état de la présence des miliciens Mobondo qui auraient atteint le territoire de Popokabaka, dans la province du Kwango, à environ 400 Km de la ville de Kinshasa et à moins de 50 km de l’Angola.
Ajouté à cela les récentes déclarations croisées de Peter Kazadi et du cardinal Fridolin Ambongo l’on se rend tout de suite compte que l’on n’est pas loin d’un complot ouvert ou d’une manipulation évidente car le centre mobilité des Mobondo sévit aussi bien en plein Kwango, territoire des yaka, qu’aux confins de Kinshasa vers Menkao dans la commune urbano-rurale de Maluku. Et dans le Kongo Central encore. L’on voit bien que la chasse aux teke n’est pas la préoccupation véritable des Mobondo ?
Avant de laisser les spéculations prendre de la graine, l’Etat doit s’assumer et faire régner son autorité avec tous les moyens à sa disposition.
Louison Fungula